08/12/2012

Porte vers le noir / Door into the dark

Both french and english versions.


Je n'aurais jamais envie d'écrire, si j'attendais les yeux en l'air comme le chanteur Jacques Higelin, de voir les idées tomber du ciel. Il faut chercher longtemps, et travailler dur pour qu'un texte ait une toute petite chance de retenir l'attention. Parfois, certaines de mes idées tiennent tête à mes doutes, alors que d'autres se diluent avant même d'avoir trouvé une forme possible. J'ai peur parce que la panne d'inspiration est toujours là. Elle guette. Dans ma voie lactée personnelle, elle est le trou noir que je redoute. 
Bien qu'écrire soit difficile, je ne suis jamais tentée de choisir la facilité en mettant des photos en ligne sans y joindre mes mots. Je ne peux imaginer présenter des photos sans vous dire ce qu'elles sont pour moi, pourquoi je vous les montre, et quels souvenirs s'y attachent. Pas de mots, pas d'images. Je pense que lorsqu'on montre certains aspects de son travail, il y a le risque de ne pas intéresser, de ne pas plaire, de laisser indifférent. C'est un risque que je prends sur ce blog sans hésitation.
C'est le cas aujourd'hui encore. Il y a une série de photos dont j'ai très envie de parler, mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je sèche, l'idée ne vient pas. J'ai le désir que vous compreniez ce que j'éprouve profondément devant ces clichés, c'est la seule chose dont je sois certaine. 
Sur ces photos, Séraphine (Yolande Moreau) est en train de peindre, et à l'origine, les clichés, réalisés à toute allure, et sans aucun soin particulier, étaient particulièrement sombres, pour ne pas dire noirs. Il fallait faire un effort pour distinguer les choses. Ils ont été travaillés pour les sortir de leur obscurité, pour les sortir de leur trou... noir. Je précise ici, qu'en langage courant le noir est différemment interprété: En photographie, il est une non-couleur, parce qu'il y a une juxtaposition de toutes les couleurs dans le noir, alors qu'en peinture, le noir contrastant au blanc peut donner l'impression de lumière. Il est une couleur. 
Sur ces photos, cette non-couleur - dont je suis tenue de parler, tout en étant touchée comme s'il s'agissait ici de véritables peintures - cette non-couleur donc, renforce à mes yeux, l'histoire que ces photos racontent. Si je tente de m'expliquer, je trouve que le noir de ces photos constitue véritablement leur force. Il est moteur dans la sensation que j'éprouve lorsque je les regarde. Autrement dit, si ces photos n'étaient pas noires, elles ne me feraient pas le même effet, et leur signification ne me sauterait pas aux yeux de la même manière. J'ajoute enfin, que la simple clarté du jour n'aurait pu narrer cet instant sans risquer de le banaliser, ou au pire le trahir, le vider de son sens. Ces photos réunissent beaucoup de choses auxquelles je suis sensible: L'expression qui est en marche, la forme d'un corps qui s'oublie dans sa tâche, l'idée que celui qui cherche trouve pour de bon. Il y a cela, mais surtout, je peux imaginer qu'il y a bien plus encore. 
Finalement, je trouve que le noir transporte l'imagination, et au cinéma il n'est pas triste, il est même très intéressant allié au blanc. Le noir "c'est le lieu où viennent se faire et se défaire tous les sens" (Propos du peintre Soulages dans une interview).
J'ai peur du noir, mais pour une fois, il me va bien.

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Door into the dark

I would never want to write if I waited for ideas to fall in my lapI must seek long time and work hard to get one shot to capture the public's imagination. I am always afraid to be in the midst of a creative crisis following some interesting posts. And today, in the... light of my previous posts, it is not the... light, therefore, that I am afraid of, but the darkness. Some of my friends go their way without ever knowing the slightest lack of inspiration. I am not one of those. I have to be careful of the breakdown.
Although it is difficult to write, I am not tempted to publish photos without having any words about them. No words, no pictures
It's my problem today. There are photos I want to talk about, but I do not know how to do. I just know that I want to avoid going to make no bones about them so that you can understand what I feel.
Séraphine (Yolande Moreau) is painting, and originally I had greater difficulties making out objects in those pics. All was in darkness, I could see nothing. I have worked as much as I could with Photoshop to facilitate their visibility, to bring them out of the shadow, to put them into light
If I therefore want to make it... clear to you, I find that the black of these photos is truly their strength. In other words, if these photos were not black, they would not make me feel this way, and their meaning would not have been so obvious. This non-color reinforces the story, and is the driving force of the feeling I experience watching them. These pictures gather a lot of things I am aware of: Seraphine is speaking from the bottom of her heart and her soul. I like the idea too that the one who is seeking will find what he is looking for, but above all, I can imagine there is much more in those pics. 
Finally, what's stonger than imagination?
I'm afraid of the dark, but for once, I think that suits me well.